En ce début de février (2009) vinrent à Paris deux orchestres somptueux, inoubliables par leur sonorité. Tout d’abord, le lundi 12 février, ce fut le Gewandhaus de Leipzig sous la direction de son directeur musical, Riccardo Chailly, qui n’a jamais mérité mieux que le qualificatif de « furioso » dont l’a affublé récemment le journal Classica en tête d’un interview.
La curiosité du concert, c’était indéniablement la Symphonie Écossaise de Mendelssohn. Non pas que cette œuvre soit inconnue, mais Chailly a choisi une autre version, écrite pour Londres, avec des passages fort différents ; par exemple, le passage tumultueux du premier mouvement changeait radicalement, donnant par ses transitions plus brusques et donc son discours plus tranchant une modernité étonnante à l’œuvre de Mendelssohn.
Le Gewandhausorchester est un orchestre absolument ébouriffant, les contrebasses et les violoncelles s’en donnent à cœur joie, les pupitres de violons et de bois étaient d’une souplesse rythmique enthousiasmante, et d’une virtuosité qui ne semblait jamais pouvoir être mise en défaut. Grisant ! On peut cependant se demander si Chailly, à force de prôner une direction rapide, forte, dynamique et énergique, mais parfois sans beaucoup de nuances, n’édulcore pas la portée narrative de cette musique. Peut-on, au travers de cette interprétation grandiose et un rien pétaradante, goûter réellement aux atmosphères si mobiles et ombragées de l’œuvre? C’est d’autant plus étonnant que la version choisie accentue encore la versatilité émotionnelle de l’œuvre. Une version plus spectaculaire qu’émouvante en fin de compte. (J’ai sans doute trop en tête le souvenir du studio de Dorati, qui savait nous imposer ses partis-pris par un sens du détail hors du commun, et une logique agogique supérieure).
En première partie du concert, après une Ouverture Op. 101, allante et puissante sous la direction de Chailly, nous entendions le Premier Concerto (Op. 25) de Mendelssohn avec Lang Lang. Après avoir été agréablement surpris par la récente version du pianiste chinois des deux premiers concertos de Chopin, épurée, souvent lyrique (malgré un Zubin Mehta un rien lourd), Lang Lang fit preuve selon moi d’une belle musicalité.
Certes, la sonorité est parfois un peu sèche dans les passages virtuoses et rapides, il la contrôle davantage dans les passages modérés de tempo. Sa virtuosité électrique, incontestablement, révèle aussi tout le brillant de cette musique. Lang Lang nous a gratifié en bis d’une Etude Op. 10 No. 3 de Chopin, prise dans un tempo très très lent, et chantée et plutôt bien tenue.
LE PROGRAMME DU CONCERT
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Ouverture, Op. 101
Concerto pour piano No. 1 en sol mineur, Op. 25
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56 « Ecossaise » (version de Londres, inédite)
Paris, Salle Pleyel, Lundi 12 février 2009
Lang Lang, piano
Gewandhausorchester Leipzig
Riccardo Chailly, direction
Photo: (c)DR