Liszt & Magnard : les oubliés d’Ansermet

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Les 5, 7, 9 & 10 septembre 1967, Ernest Ansermet enregistra le chef d’œuvre orchestral de Franz Liszt, Une Faust-Symphonie, qu’il dirigea également durant son dernier concert en tant que directeur musical à la tête de L’Orchestre de la Suisse Romande, le 5 avril. A la fin de son existence, le chef suisse professait une véritable passion pour la musique du compositeur hongrois, dont il louait les audaces harmoniques autant qu’orchestrales. D’un dramatisme alerte et flamboyant, d’une richesse coloriste étonnante (pour seul exemple, le pupitre de cors, fabuleux dans Faust, la première partie), d’une maîtrise architecturale parfaite, la conception d’Ansermet demeure l’une des plus passionnantes par son art fait de concentration et de violence brutes, et surtout par la diversité de ses climats. Gretchen introduit le caractère vraiment intrinsèque à la musique, s’y mêlent tendresse amoureuse et lyrisme teinté d’ironie.

Les Deux Episodes du Faust de Lenau, également enregistrées durant les sessions de septembre 1967, montrent une même imagination sonore, un même souci de vérité dans la transparence orchestrale. La Méphisto-Waltz est un bijou de sensibilité! Pour terminer les sessions Liszt, Une Bataille des Huns (novembre 1959) étonnante, féroce, incroyable de noirceur respecte scrupuleusement les intensions de Liszt qui souhaitait entendre les instruments « sonner comme des fantômes » dans la partie introductive. Si vous doutez des capacités expressives du chef suisse, un choc vous attend, ici !, dans ce poème symphonique complètement fou, très très fou, génial, et Ansermet le sait bien, sur-dopant son orchestre – les cordes y sont étonnantes d’engagement et de pugnacité dans la deuxième partie! Est-ce encore de la musique du XIXème siècle?

La Symphonie n°3 d’Albéric Magnard (1895-1896), dernier enregistrement d’Ansermet à la tête de son Orchestre de la Suisse Romande, date de septembre 1968. Le véritable adieu au monde du grand chef, bien plus que sa gravure de L’Oiseau de feu de Stravinski avec le New Philharmonia Orchestra deux mois plus tard. Inattendu, magnifique et nostalgique (Introduction).

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