Deuxième journée d’enregistrement avec Hiroaki Takenouchi.
D’autres Sonates et la continuité des précédentes. Comme la veille, le pianiste japonais apprécie de pouvoir tenter plusieurs directions, des couleurs différentes, un toucher soit plus chaud et sensuel, soit plus précis et analytique, pour un même mouvement. Dans un univers ainsi déterminé par la souplesse et le rebond du poignet, l’expression s’en trouve singulièrement changée.
Il est même assez passionnant de voir, ainsi confronté à de telles variations expressives, comment le poignet d’un claviériste détermine le sentiment, libère le chant, et tout l’espace sonore qui l’entoure. A vrai dire, en cabine, il est déconcertant d’enregistrer les métamorphoses d’Hiroaki. Personne n’a une idée réelle de la direction définitive du projet. Quelle couleur aura-t-il ? Une couleur expressive sera-t-elle prédominante ? Réalisée début mars, la phase de l’editing promet d’être passionnante. Une nouvelle structure déterminera alors le projet, la réécoute à distance facilitera le choix d’une couleur prédominante, ou au contraire la variété des atmosphères, et des intentions. Conservera-t-on la totalité des six Sonates enregistrées durant la session ? La plupart des Sonates ici choisies par Hiroaki pour son enregistrement sont généralement composées à l’origine pour clavecin, à l’instar de la célèbre Sonate en ut mineur Hob.XVI:30 (1771), souvent prisée des pianistes modernes.
Si le premier mouvement marche assez naturellement au piano, et anticipe en maints endroits sur Beethoven, l’Andante con moto central pose davantage de soucis au pianiste moderne, en matière d’ornementation, de phrasés, et de liaisons, notamment dans les traits de main gauche (résonances). La science des registres qu’y met Haydn sied aussi plus naturellement aux grands, beaux et somptueux clavecins du XVIIIe siècle. Dans sa couleur expressive, Hiroaki rapproche celle-ci de la Sonate en sol majeur de la veille.
Durant cette deuxième journée, Hiroaki aborde d’autres mouvements, plusieurs Finale – toujours délicats dans leur mise en place – et préfère rester à son piano toute la soirée de ce samedi, poursuivant ainsi l’enregistrement avec notamment la Sonate en ré majeur Hob.XVI:37, pleine de vitalité. Il estime que le soir est le moment le plus propice à une inspiration spontanée et naturelle, chose si importante pour cette musique bien complexe.
Photo : (c) Pierre-Yves Lascar – Février 2014