C’était la dernière des trois soirées parisiennes de l’extraordinaire Royal Concertgebouw Orchestra en ce printemps 2014, qui faisait le voyage sous la direction de son directeur musical Mariss Jansons. Un triptyque fortement centré sur Bruckner. En trois jours, à la Salle Pleyel, ils donnèrent les Quatrième, Neuvième et enfin la Septième lors de cet ultime concert. En première partie, le Concerto pour violon No. 3 de Mozart avec Frank Peter Zimmermann, dont la sonorité, simplement belle, pleine, charnue sans une once d’épaisseur, et le jeu, d’une étonnante souplesse d’articulation, enchantent pendant une vingtaine de minutes.
Grande déception en revanche à l’écoute de la 7è de Bruckner. L’orchestre est naturellement somptueux. Quelle belle homogénéité dans les cordes, à commencer par les pupitres les plus graves (contrebasses, violoncelles) ! Ce côté piquant des bois (notamment la clarinette) nous rappelle des enregistrements plus anciens du même orchestre, où les spécificités des pupitres étaient encore plus accentuées. De même, on ne peut ne pas être sous le charme de ces cuivres à l’élégance princière ! Indéniablement, j’étais bien assis, pour mon plus grand bonheur, sur ma chaise, j’aurais préféré vivre et me sentir me lever, en apesanteur.
Or, ce que m’a délivré Jansons, à moi, demeure un Bruckner presque apathique, sans nécessité expressive. Les climax sont ténus, à l’image des cuivres, dont la fonction libératrice – dans la tension, dans l’harmonie – semble comme absente. Ce Bruckner est aussi une énigme pour moi par sa gestion des tempos. Le second mouvement ne fut-il pas énoncé trop rapidement en son début ? De même, la partie « Ruhig » du premier mouvement – après l’introduction – paraissait un rien atone, et sans doute articulée d’une façon trop égale pour relancer le discours symphonique. Ce Bruckner sonnait en moi comme une somme d’incompréhensions successives ; mon attention ne pouvait que raisonnablement s’en détacher…