Ce mardi 3 juin fût une journée fortement mouvementée pour Artalinna. Tels des mousquetaires, en compagnie du talentueux flûtiste Jocelyn Aubrun, nous sommes allés à la recherche d’un lieu idoine pour l’enregistrement du projet « Koechlin : Les Chants de Nectaire ».
Un projet plus qu’ambitieux puisqu’il s’agit d’une œuvre pour flûte solo d’une durée de plus de trois heures – en fait il s’agit de trois recueils, séparés, d’une trentaine de pièces chacun, composés pour flûte seule par le compositeur français dans les années 1938-1943. Autant dire que notre artiste s’apprête à réaliser une sacrée performance musicale, d’autant qu’il y a peu d’interprétations sur le marché de cette œuvre robuste, sans doute l’un des chefs-d’œuvre écrits pour l’instrument au XXe siècle, après Syrinx de Debussy (1913).
Une telle prouesse nécessite un espace d’enregistrement qui soit capable de retranscrire au mieux les sonorités et les effets acoustiques voulus à la fois par le compositeur et l’interprète.
Nous avons essayé trois lieux durant cette journée. L’Église Évangélique Saint-Marcel, située près de Port Royal, avait la particularité de donner aux extraits joués par Jocelyn, l’impression de voyager. Les notes restaient suspendues dans les airs, créant ainsi un monde de rêverie très appréciable à l’oreille de l’auditeur. La seconde église, rue Blanche (la Christuskirche de Paris), nous a beaucoup moins séduits. Idéal pour un concert, l’espace vide ne permettait pas au son de s’envoler, il s’aplatissait sans expressivité. L’église est surtout adaptée à l’orgue, elle donne en revanche à la flûte une réverbération inadéquate pour un enregistrement. Nous étions alors – pour la visite de ces deux églises – avec l’ingénieur du son Nikolaos Samaltanos.
C’est finalement le troisième choix qui a le plus séduit notre artiste. Le studio d’enregistrement Malambo, à Bois-Colombes, a non seulement la particularité de s’adapter aux variations des notes de l’instrument, mais il semble qu’un travail de ciselure et de finesse puisse être parfaitement réalisé ici dans ce studio boisé. Les Studios Malambo restent un endroit charmant, tenu par des gens adorables, et fort accueillants. C’est toujours un plaisir de profiter de cet endroit presque campagnard, en compagnie de son artisan principal, l’Argentin Luis Rigou. Une journée bien sympathique et passionnante !
Photo : © Jean-Baptiste Millot