Pastorale hongroise

C’est entendu, l’Orchestre du Festival de Budapest, fondé en 1983, est aujourd’hui l’une des plus belles phalanges symphoniques de la planète, entrée avec le nouveau siècle dans la cour des très grands, Concertgebouw, Staatskapelle de Dresde, Berliner et Wiener Philharmoniker.

Ivan Fischer en joue avec un art confondant des sfumatos, des arrière-plans, des contrastes, littéralement il peint avec son orchestre, quitte à souvent l’écouter un peu trop. Pas cette fois.

La Deuxième de Brahms, pastorale composée sur les rives du Lac de Thoune, regorge de points de vue, de perspectives, ce n’est plus un tableau, mais comme un immense travelling sur un paysage. Et d’ailleurs dans cet enregistrement, Fischer respire l’œuvre d’un seul trait, faisant peu de cas des quatre mouvements, les liant dans un même souffle.

Plus lyrique serait impossible, et certains moments sont presque irréels, comme la coda de l’Allegro ma non troppo où les cors égrènent leur motif sur les pizzicatos du quatuor. Avec cela un esprit très libre, des tempos fluctuants qui gardent la ligne fluide, une tension discrète et un Finale solaire, enivré de sa propre beauté, où la clarinette chante comme un rossignol. Cette pointe de narcissisme donne à la symphonie une dimension supplémentaire, un mystère contemplatif dans l’obscurcissement relatif de l’Adagio ma non troppo.

En complément, Fischer brosse à fresque l’Ouverture tragique et enflamme l’Ouverture pour une fête académique. Et maintenant, s’il vous plait, la Troisième Symphonie !

LE DISQUE DU JOUR

cover fischer brahms symphony 2 channel

Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Ouverture tragique, Op. 80
Ouverture pour une fête académique, Op. 81

Orchestre du Festival de Budapest
Ivan Fischer, direction

Un album du label Channel Classics CCSA33514

Photo à la une : (c) Marco Borggreve