On connaît quantité de pianistes enfants prodiges, mais l’art qui n’attend pas les années est bien plus rare chez les instrumentistes à cordes, et particulièrement chez les violoncellistes. Brendan Goh a enregistré son premier disque dans sa quinzième année.

Né à Singapour, il se perfectionne auprès de Franz Bartolomey, le violoncelle solo des Wiener Philharmoniker, et donne ses premiers concerts professionnels à onze ans.

Premier CD pour Ars Produktion, une carte de visite. Ne commencez ni par la Troisième Suite de Bach, appuyée et pas encore très certaine de style, ni par l’Élégie de Fauré jouée à contrario du texte sostenuto. Mais plutôt par les Fantasiestücke de Schumann, dites d’un archet fiévreux et pleines de phrasés inventifs. C’est déjà d’un artiste.

L’allure décidée du Requiebros de Cassado, a la cambrure du Majo, et la virtuosité du Neuvième Caprice de Paganini dans la traitreuse transcription de Luigi Silva montre que le jeune homme ne sacrifie pas inutilement au brillant.

Même chose dans l’élan douloureux qui parcourt Le Grand tango de Piazzolla, où le chant, contenu, intense, s’impose d’abord comme dans l’Adagio du Concerto en ré majeur de Haydn.

Un artiste à suivre, en espérant qu’il sera toujours aussi bien accompagné à l’avenir qu’il l’est ici par le piano de Reinhard Schobesberger.

LE DISQUE DU JOUR

Moments
of Youth

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite pour violoncelle seul
No. 3 en ut majeur, BWV 1009
Robert Schumann (1810-1856)
Fantasiestücke pour clarinette et piano, Op. 73 (version pour violoncelle et piano) *
Gabriel Fauré (1845-1924)
Élégiepour violoncelle et piano, Op. 24
Gaspar Cassadó (1897-1966)
Requiebros pour violoncelle et piano
Astor Piazzolla (1921-1992)
Le Grand Tango, pour violoncelle et piano
Niccolò Paganini (1921-1992)
Caprice pour violon seul No. 9 (version pour violoncelle solo)

Brendan Goh, violoncelle
Rheinard Schloberberger, piano

Un album du label Ars Produktion 38752

Photo à la une : (c) DR