Pyrame et Tisbé « in Arcadia », voilà le sujet du seul opéra que Giuseppe Antonio Brescianello nous ait légué. Pas même monté en scène pour sa création – les finances du patron du musicien, le duc de Württenberg étaient alors au plus bas – cette pastorale subtile et alerte est pourtant un vrai ravissement de théâtre.
Brescianello s’y souvient de ses années de formation à Venise. Si les arias da capo de Tisbe font songer à Haendel, une part de la lyrique vivaldienne les ébroue, et les danses, gavottes, bourrées, sont décidément françaises de ton, d’allure, d’instrumentation, témoins d’un mariage des styles typique de l’époque. Orchestre tout en flûtes en en violons, stellaire, fusant, admirablement composé pour d’incessants feux d’artifices virtuoses qui n’oublient jamais le sentiment.
La surprise est d’autant plus belle qu’elle est défendue par un chef formidable de présence, animant l’ouvrage avec une imagination sonore et un sens aiguisé des péripéties. Et Jörg Halubek entraîne aussi son quatuor de chanteurs, dominé par le Licori de Flavio Ferri-Benedetti, bergère coquine, et par un couple d’amants pas forcément idéalement assortis, elle trop maîtresse femme, lui trop éthéré – seul bémol de cette captation sur le vif, qui révèle une partition splendide.
LE DISQUE DU JOUR
Giuseppe Antonio
Brescianello
(1690-1757)
Tisbe
Nina Bernsteiner, soprano (Tisbe)
Flavio Ferri-Benedetti, contre-ténor (Licori)
Julius Pfeifer, ténor (Piramo)
Matteo Bellotto, basse (Alceste)
Il Gusto Barocco
Stuttgarter Barockorchester
Jörg Halubek, direction
Un album de 2 CD du label CPO777 806-2
Photo à la une : (c) DR