L’Opus 13 de Mendelssohn et la Suite lyrique de Berg furent écrits peu ou prou à un siècle de distance. C’est ce grand écart de style et de propos que le Quatuor Tetzlaff a voulu mettre en lumière mais aussi l’idylle amoureuse secrète qui se dissimule dans les deux cas derrière les portées.
Lumière, terme idéal pour caractériser le Quatuor Op. 13, fruit passionné d’un jeune homme de dix-huit ans immergé alors dans la vie musicale parisienne où les styles se télescopaient – le Finale, ouvert clairement par un récitatif d’opéra, indique bien l’omniprésence du théâtre lyrique propre au Paris d’alors.
Mais Mendelssohn place sa confession ardente sous le signe de Beethoven, ce que les Tetzlaff soulignent par leur jeu profond et flamboyant à la fois. Lecture magnifique pour l’engagement comme pour la poésie, et les quatre archets étreignent tout autant la Suite lyrique de Berg si souvent desséchée par des quatuors qui y traquent avec avidité la série.
Ici, l’œuvre devient ce qu’elle aurait dû toujours être – un poème de feu, une déclaration amoureuse sans plus aucune ambigüité. Enfin le sous-texte jaillit, enfin la partition cryptée de Berg parle ! Prise de son somptueuse, album qui sera essentiel à tout passionné de quatuor(s).
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn-
Bartholdy (1809-1847)
Quatuor à cordes No. 2
en la majeur, Op. 13
Alban Berg (1885-1935)
Suite lyrique
Quatuor Tetzlaff, piano
Un album du label AVI 853266
Photo à la une : (c) Alexandra Vosding