Troisième disque du Borusan et de Sascha Goetzel pour Onyx, et troisième programme vainqueur.
La formation stambouliote revient après un album illustrant l’orchestre industriel (sans pour autant y avoir convoqué les Fonderies d’acier de Mossolov) à sa thématique orientale. Et cette fois avec rien moins que la Schéhérazade de Rimski-Korsakov.
Merveille qui ne quitte plus notre platine depuis une semaine : la virtuosité de l’orchestre est clouante, la beauté du violon de Pelin Halkaci Alkin entêtante : intonation parfaite, archet long et soyeux, c’est la conteuse incarnée. Sascha Goetzel emporte la narration avec un souffle large qui jamais ne vient durcir les timbres d’une symphonie enivrante de couleurs, et il faut entendre comment la mer s’ouvre, engloutissant le navire de Sinbad, pour le croire.
Projet finement réalisé jusque dans les soli d’Oud et de Quanum qui ponctuent l’œuvre entre les mouvements, préludes et commentaires à la fois.
Les compléments sont ébouriffants : Islamey, très dit, très tenu, se colore peu à peu, les deux extraits des Esquisses caucasiennes – la première introduite par la flûte Ney qui continuera à dialoguer avec l’orchestre d’Ippolitov-Ivanov – nous emportent loin dans le paysage, et Sascha Goetzel a voulu clore l’album avec le Köçekçe d’Ulvi Cemal Erkin. Ce compositeur, un des trésors secrets de la Turquie, mériterait bien que le Borusan lui consacre entièrement son prochain album.
LE DISQUE DU JOUR
Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Schéhérazade, Op. 35 –
Suite symphonique d’après le conte des Mille et une nuits
Mili Balakirev (1837-1910)
Islamey – Rhapsodie
(version orchestrale réalisée par Sergei Liapounov, 1859-1924)
Mikhail Ippolitov-Ivanov (1859-1935)
Esquisses caucasiennes, Op. 10
Ulvi Cemal Erkin (1906-1972)
Köçekçe – Rhapsodie dansante pour orchestre (1943)
Pelin Halkaci Alkin, violon
Borusan Istambul Philharmonic Orchestra
Sascha Goetzel, direction
Un album du label Onyx Classics 4124
Photo à la une : (c) DR