Sur le fil de l’amitié nouée par Gershwin et Ravel à l’occasion du voyage transatlantique entrepris par ce dernier en 1928 – quelques photos restées célèbres y montrent l’auteur du Boléro décontracté comme jamais – Simone Dinnerstein propose un album concertant mettant en regard la Rhapsody in Blue et le Concerto en sol.
Jolie proposition que vient dépareiller au centre du disque The Circle and the Child, niaiserie gaminesque tombée de la plume bien lisse de Philip Lasser. Ce n’est pas bien, d’autant que j’espérais de Simone Dinnerstein le Concerto en fa.
Mais revenons à Gershwin et Ravel. Pour la Rhapsody, un regret : la baguette généralement aventureuse de Kristjan Järvi aurait du carrément risquer la version big band plutôt que de lorgner à coup d’impulsions motoristes et de couleurs crues vers elle tout en s’encombrant des cordes. Mais le ton y est, et Dinnerstein, fringante comme toujours, fait assaut de fantaisie.
Bien vu, comme tout le sol majeur, épatant de projection et d’alacrité : clavier plein et pourtant volatile, orchestre ébarbé, virulent, ironique, en couleurs vives. Cela fuse, électrique, moderniste, très différent de tout ce qu’une tradition française a l’habitude d’y entendre. Avec un seul bémol : le trille de la pianiste, lourd et vide à la fois, fait tâche aux dernières mesures de l’Adagio assai. Mais sinon, quel feu d’artifice !
LE DISQUE DU JOUR
Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano
et orchestre en sol majeur
George Gershwin (1899-1937)
Rhapsody in Blue,
pour piano et orchestre
(version symphonique)
Philip Lasser (né en 1963)
The Circle and the Child
Simone Dinnerstein, piano
MDR-Leipzig Radio-Sinfonieorchester
Kristjan Järvi, direction
Un album du label Sony Classical 888750324528
Photo à la une : (c) DR