C’est ainsi, certains disques sont touchés par la grâce. Jusque-là Vilde Frang, 29 ans le 19 août prochain, avait assemblé une discographie plutôt vingtième siècle, entre Scandinavie et Russie, à vrai dire je ne l’attendais pas ici.
J’avais tort. Son archet long et souple, naturellement lumineux, trouve d’évidence les lignes mozartiennes, et chante sans appui. Un ravissement vous saisit, tout cela est tellement poétique, évident, avec juste ce qu’il faut dans l’interprétation d’éléments historiquement informés !
Cette manière sereine aura certainement ses détracteurs, mais comment ne pas y entendre un style mozartien parfait, et une absence de pathos qui rend le discours d’autant plus émouvant ? Tempos amples dans les Andante, ce serait là qu’il faudrait mettre un bémol ? Mais non, car cela chante et phrase lorsque les violonistes plus à cheval sur le style d’époque donnent à entendre des mélodies en confettis.
Vilde Frang n’est pas de cette eau-là et sait ce que phraser veut dire.
Elle est rejointe dans la Symphonie concertante par l’alto de Maxim Rysanov, fluide, léger, idéalement marié à sa propre sonorité. Et un ange passe dans l’Andante, murmuré, plus solaire qu’ombré.
L’accompagnement preste d’Arcangelo, mené par la battue dansante de Jonathan Cohen, emporte le discours vers la lumière, maître mot d’un album qui nous fait attendre avec impatience son petit frère.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon No. 1 en si bémol majeur, KV 207
Concerto pour violon No. 5 en la majeur, KV 219
Symphonie Concertante pour violon, alto et orchestre en mi bémol majeur, KV 364
Vilde Frang, violon
Maxim Rysanov, alto
Arcangelo
Jonathan Cohen, direction
Un album du label Warner Classics 82564627677
Photo à la une : (c) DR