« Poème chanté » précise Richard Strauss. Mais c’est l’orchestre faramineux des premiers poèmes symphoniques qui vient donner à Feuersnot son aplomb et son élan. Et un livret de comédie délicieux où un jeune homme un peu magicien, malheureux de se voir moqué par la jeune-fille qu’il désire, prive toute la ville de lumière.
Elles reviendront si la péronnelle cède, ce dont on saura la convaincre. Strauss aime le bonheur, Feuersnot est une de ses œuvres les plus heureuses, pratiquant la citation avec une virtuosité étourdissante, elle demeure le trésor inexplicablement méconnu de sa jeunesse.
Rudolf Kempe jadis la ressuscita à Munich (la captation live existe), Beecham lui fit longtemps les yeux doux et grava la Scène d’amour ; à Cologne, Joseph Keilberth y dirigeait en Diemut une jeune et rayonnante Inge Borkh, puis Munich enregistra l’ouvrage pour Julia Varady.
C’est encore de Munich que Feuersnot rallume ses flambeaux. Comme tout juste hier Ulf Schirmer se régalait en épicurien des saillies d’Intermezzo, il met ici tout le sel de la comédie et emporte une équipe fabuleuse où brille un couple parfaitement appareillé : le Diemut de Markus Eiche, et Simone Schneider dont le grand soprano brille ici, campant un caractère subtilement dessiné par Strauss. Les chœurs sont incroyables de virtuosité et de présence. Remarquable, et bien mieux capté que toutes les versions précédentes y compris l’enregistrement avec Julia Varady.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss (1864-1949)
Feuersnot, Op. 50
Rouwen Huther, ténor (Schweiker von Gundelfingen, der Burgvogt)
Lars Woldt, basse (Ortolf Sentlinger, der Bürgermeister)
Simone Schneider, soprano (Diemut, seine Tochter)
Monica Mascus, mezzo-soprano (Elsbeth)
Sandra Janke, contralto (Wigelis)
Olenar Tokar, contralto (Margret)
Markus Eiche, baryton (Kunrad, der Ebner)
etc.
Chœur et Orchestre de la Radio de Münich
Ulf Schirmer, direction
Un album de 2 CD du label CPO 777920-2
Photo à la une : (c) Kirsten Nijhof