Théoricien de la musique et mentor de Wilhelm Furtwängler, Heinrich Schenker exigeait de l’interprète une lecture extrêmement attentive de la partition. Certains pianistes – Murray Perahia par exemple – ne jurent aujourd’hui encore que par sa grille d’analyse musicale. Il fut aussi compositeur. Les deux opus pianistiques que Dirk Joeres met en regard – cruauté ou inconscience ? – avec les Klavierstücke tardives de Johannes Brahms sont tièdement déduits de ce dernier et absolument maladroits.
Le pianiste allemand a beau y mettre ses belles couleurs à l’estompe, l’ennui gagne illico. Mais ses Brahms au contraire montrent l’artiste : finesse du trait, élégance des apartés, climat plus d’une fois magique, et tout cela sans avoir l’air d’y toucher.
Cette résonnance de l’intime colle parfaitement à ces cahiers nocturnes et automnaux. Schenker n’était-il qu’un prétexte ? En tous cas, Dirk Joeres nous doit tout l’Opus 116, dont il n’a gravé ici que deux numéros, et les Ballades Op. 10, tant son Brahms parle d’évidence.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Klavierstücke, Op. 118
Klavierstücke, Op. 119
Intermezzos en mi majeur,
Op. 116 No. 4 ; en mi mineur, Op. 116 No. 5
Heinrich Schenker (1868-1935)
Klavierstücke, Op. 4
Zweistimmige Inventionen, Op. 5 Nos. 1 & 3
Dirk Joeres, piano
Un album du label Musical Concept MC 146
Photo à la une : (c) DR