Dès l’entrée du violon, chantant voluptueusement dans son grave, je suis saisi par l’intensité de cet archet : Tedi Papavrami a-t-il trouvé son concerto secret ?
L’éloquence du discours, la plénitude du son qui refuse le ton sec, cassant – mis ici par tant de violonistes, de Max Rostal à André Gertler – l’agilité des phrasés et l’envol des motifs, la variété du jeu d’archet qui, à l’instar hier de la proposition pas si éloignée que cela signée par Patricia Kopatchinskaïa, respecte les nombreuses annotations de Bartók, signent un des plus aventureux Deuxième Concerto que j’ai entendus au disque.
Avec cela une élégance qui préfère toujours la nostalgie au sentiment, et une fluidité du discours qui me donne l’impression de rêver les yeux ouverts. Emmanuel Krivine millimètre son accompagnement parfois un peu court. Mais peu importe, c’est Tedi Papavrami qui m’emporte irrésistiblement.
Après un tel envol, le Concerto pour orchestre fait un méchant retour à terre. Triste, fermé de son, terne, il s’annule immédiatement devant l’imposante discographie dont bénéficie l’œuvre.
Peu importe. Allez, encore une fois, le Deuxième Concerto.
LE DISQUE DU JOUR
Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour violon et orchestre No. 2, Sz. 112
Concerto pour orchestre Sz. 116, BB 123
Tedi Papavrami, violon
Orchestre Philharmonique de Luxembourg
Emmanuel Krivine, direction
Un album du label Alpha Classics 205
Acheter l’album sur Amazon.fr – Télécharger l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : (c) DR