Un glissando des bois et des vents de l’orchestre me plongeait enfant dans l’Amazone : Leopold Stokowski dirigeait en ouverture d’un microsillon essentiellement consacré à deux suites tirées des grands ballets de Ginastera, Panambi et Estancia, un poème d’orchestre d’Heitor Villa-Lobos, lui aussi à destination chorégraphique : Uirapuru.
Pièce magique, d’un foisonnement sonore et d’une complexité rythmique qui en faisaient le pendant orchestral du vaste Rudopoema pour piano solo : deux partitions des années d’entre deux-guerres, alors que Villa-Lobos alignait son art sur le grand concert de l’avant-garde musicale européenne sans pourtant avoir encore franchi l’Atlantique. Arthur Rubinstein allait l’y aider.
Prétendre qu’Isaac Karabtchevsky renouvelle le geste si flamboyant de Stokowski serait mentir, mais la touffeur de la forêt tropicale comme le mystérieux oiseau pseudo phœnix qui nomme le ballet sont bien là. L’Orchestre Symphonique de São Paulo ne manque ni de couleurs ni de rythmes, et sauve la Douzième Symphonie, partition où l’habileté supplante l’inspiration : Villa-Lobos acheva l’œuvre en 1957 pour son soixante-dixième anniversaire, il devait disparaître en 1959.
Ajout majeur dans ce qui constitue le quatrième volet de cet ambitieux projet d’une intégrale de l’œuvre symphonique du brésilien, un inédit au disque, Mandu-Carara (Dieu de la danse), une cantate-ballet datant de 1940, d’une inspiration jaillissante, brillamment composée. Je crois que le catalogue inépuisable de Villa-Lobos nous réservera bien d’autres surprises…
LE DISQUE DU JOUR
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Uirapuru, W 133
Mandu-Carara
Symphonie No. 12
Chœur et Orchestre Symphonique de Sao Paulo
Isaac Karabtchevsky, direction
Un album du label Naxos 8573451
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Photo à la une : (c) DR