Un opéra réaliste, dans la veine des drames ruraux de Leoš Janáček, a fait sa renommée, Krutnava (Le Tourbillon) reste son chef-d’œuvre, et stupéfia l’audience lors de sa création à Bratislava le 10 décembre 1949.
Pourtant, le véritable objet de ce dramaturge fut l’orchestre. Suprêmement écrit, plein d’inventions de timbres qui autorisent un discours très libre, rapsode, il provient d’une seule source. Au Conservatoire de Prague, Eugen Suchoň étudia la composition avec Vítězslav Novák, orchestrateur virtuose de ballets novateurs comme Nikotina. A quoi Suchoň ajouta un sens des atmosphères et un charme mélodique sans ostentation.
Découvreur impénitent, Neeme Järvi livre en un disque fastueux ses trois opus symphoniques les plus célèbres – les sombres Métamorphoses ne sont en rien une réponse à celle de Strauss, plutôt un cycle de variations habiles.
La Symfonietta rustica fait la part belle à un folklore imaginaire, Järvi la dirige comme une suite de danses avec une alacrité bienvenue. Mais le chef-d’œuvre, c’est la Baladicka Suita, vaste partition des années trente, où le langage de Suchoň s’émancipe des modèles tchèques pour tendre vers une écriture internationale, alors même que l’œuvre s’abreuve de mélodies populaire slovaques : pas si loin que cela du ton et des inventions d’un Vaughan Williams !
Neeme Järvi serait bien inspiré de poursuivre : le Psaume des Carpates attend une lecture définitive, la Burlesque et la Fantaisie leurs premières au disque.
LE DISQUE DU JOUR
Eugen Suchon (1908-1993)
Baladická suita, Op. 9
Metamorfózy (Métamorphoses), Op. 16
Symfonietta rustica
Orchestre Symphonique National d’Estonie
Neeme Järvi, direction
Un album du label Chandos CHAN 10849
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Photo à la une : © DR