Et si Niccolo Castiglioni était le secret le mieux gardé de la musique moderne italienne avec Bruno Maderna ? Comme Maderna, il flirta avec Darmstadt, et comme lui, et au contraire de Nono et de son compatriote milanais Manzoni, il considéra le dogmatisme prôné par Boulez et Stockhausen avec une sorte d’indifférence bienveillante.

Castiglioni était déjà tout absorbé par son univers spirituel, par ses symphonies de son d’une sensualité dorée, aux polyphonies étranges, aux écritures savamment déduites des modes anciens. Il se savait l’enfant spirituel de Luigi Dallapiccola et Goffredo Petrassi, et c’est bien dans cette lignée que le situe ce nouveau volume de la collection « Italie XX » pensée par Gianandrea Noseda pour Chandos.

Une seule œuvre inédite au CD : La Buranella, suite pour orchestre d’après des sonates de Galuppi, savamment décalée, un peu à la manière des réécritures de Berio, en rien représentatif des prospectives sonores qu’ouvrent les précipices d‘Altisonanza, strictement contemporain. Des nébuleuses de sons, des trous noirs, toute une cosmographie sonore envoûtante.

Pourtant, le chef-d’œuvre du disque reste le Salmo XIX, avec ses deux sopranos stratosphériques, sa palette d’or pur, ses étranges langages mêlés qui font comme une juxtaposition de terrasses sonores, ses interjections de chœurs orants. Un univers venu de nulle part, un ovni sonore, intrigant, d’une beauté à toute épreuve, et qui exige que Noseda consacre un second volume à ce musicien de génie : Le favole di Esopo, la Nightingale Symphony espèrent une baguette aussi inspirée.

LE DISQUE DU JOUR

Niccolo Castiglioni (1932-1996)
Salmo XIX, Altisonanza,
La Buranella

Teresia Bokor, soprano
Sine Bundgaard, soprano
Chœur et Orch. Symph. National Danois
Gianandrea Noseda, direction

Un album du label Chandos CHAN10858
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Photo à la une : (c) DR