Jean-Luc Ho avait signé chez le même éditeur un disque mettant en regard Bach (Ouverture à la française) et Couperin (le Huitième Ordre dans le Second Livre des Pièces de clavecin) qui m’avait arrêté par l’autorité du propos et la subtilité de la réalisation.
Quel plaisir de le voir aujourd’hui consacrer un album monographique à William Byrd, dont le clavier reste peu couru malgré l’intégrale que signa Davitt Moroney au long des années quatre-vingt dix, un bel ensemble signé par Bertrand Cuiller (Alpha), le disque de Christopher Hogwood réédité voici peu mais dans un coffret volumineux (Oiseau-Lyre), le récital un peu froid d’Andreas Staier (Teldec), l’album de pure curiosité de Glenn Gould souvent re-pressé, auquel il faut ajouter ce nouveau venu.
Jean-Luc Ho le partage entre l’orgue de l’Abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, merveille du roman charentais, un instrument d’après un orgue de Koblenz, achevé en 2012 par Quentin Blumenroeder, et un très beau clavecin de Ryo Yoshida qui correspond idéalement à l’univers mélancolique des pièces de Byrd, et évoque assez par ses timbres courts le virginal, instrument de prédilection du compositeur. Sommet de l’album, le cycle de vingt-deux variations qui le nomment, Walsingham : discours sans appui, invention des contre-chants, polyphonies fluides, ornements qui appellent l’idée de la danse – la redoutable virtuosité du cahier passe inaperçue, preuve de l’art de l’interprète.
C’est tout le mérite de ce disque qui nous rend la grammaire de Byrd si proche, et respire les textes avec ce naturel évident. L’alternance de l’orgue et du clavecin fait un contrepoint sonore plus d’une fois saisissant, et l’album refermé, les songes intimes de ces musiques vous accompagneront longtemps.
LE DISQUE DU JOUR
William Byrd (1540-1623)
Walsingham
Pièces pour clavier
Jean-Luc Ho, orgue, clavecin
Un album du label L’Encelade ECL1401
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Photo à la une : (c) DR