Pénultième (vingt-deuxième, exactement) volume de la très active intégrale des Symphonies de Haydn menée grand train par Thomas Fey et ses Heidelberger Sinfoniker, voici que nos iconoclastes se mesurent à la 98e, partition chérie des grands anciens – je me souviens d’un enregistrement d’Eugen Jochum absolument irrésistible pour DGG. Dans le Finale, Fey refuse catégoriquement de faire sur les pointes : les ponctuations de la timbale donnent une carrure savoureuse, mais aussi une sorte de fureur déjantée, dans laquelle se glisse le petit motif de menuet chantonné par le violon – qui miaule comme un chat – et la flûte, jolie ingénue.

Pardon, je sais que c’est mal, mais j’adore cette intégrale foutraque et sans façons, qui reprend Haydn là où Harnoncourt et Hogwood l’avaient laissé, sans les rigueurs du premier et le vernis du second ; elle me plonge dans un univers où l’invention est le maître-mot : écoutez simplement l’Intrada de la Paukenwirbel où la timbale semble improviser.

Mais la manière dont le chef conduit toute la symphonie, avec son alternance de retenue sépulcrale et de gestes enflammés, montre bien l’incroyable complexité, d’écriture comme de conception de la 103e Symphonie. Sous ses allures révolutionnaires, la relecture drastique de Fey va au cœur de la pensée de Haydn. Grand disque, sera-t-il pris par la critique hexagonale avec les éternelles pincettes que l’on sait ?

LE DISQUE DU JOUR

Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Symphonie No. 98
en si bémol majeur, Hob. I: 98
Symphonie No. 103 en mi bémol majeur, Hob. I: 103
« Roulement de timbales »

Heildelberger Sinfoniker
Thomas Fey, direction

Un album du label Hänssler Classic CD98031
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Photo à la une : © Rosa Franck