Schumann symphoniste fut déconsidéré de son vivant et stigmatisé après sa mort : son génie devait rester prisonnier de son piano. Si Gustav Mahler essaya de donner aux symphonies une seconde chance hélas en les massacrant par des orchestrations redondantes, la leçon d’orchestre de Schumann ne fut pas perdue pour tout le monde.
C’est bien l’enseignement majeur que délivre l’audition des quatre Symphonies de Salomon Jadassohn, dont je connaissais seulement quelques partitions de chambre et deux Concertos pour piano. De la Première (1860) à la Quatrième (1888), un langage clairement déduit des procédés de composition utilisés par Schumann, et jusqu’à certains de ses procédés d’orchestration, font un univers singulier qui doit être impérativement reconsidéré. La beauté des idées mélodiques supplante la science contrapuntique, mais surtout Jadassohn produit des alliages de timbres surprenants, qui suffiraient à commander la redécouverte de toute sa musique : il a laissé 140 opus !
Il ne faut pas s’y tromper, la musique que donne à entendre aujourd’hui Howard Griffiths est celle d’un des maîtres de l’ultime romantisme, à l’égal de celle de Friedrich Gernsheim, dont l’oubli reste inexplicable, sinon par le fait que les Nazis stigmatisèrent son nom et son œuvre. Il est grand temps de découvrir ces deux auteurs.
LE DISQUE DU JOUR
Les 4 Symphonies
No. 1 en ut majeur, Op. 24
No. 2 en la majeur, Op. 28
No. 3 en ré majeur, Op. 50
No. 4 en ut mineur, Op. 101
Cavatine pour violon et orchestre, Op. 69
Cavatine pour violoncelle et orchestre, Op. 120
Klaudyna Schulze-Broniewska, violon
Thomas Georgi, violoncelle
Brandenburgisches Staatsorchester Frankfurt
Howard Griffiths, direction
Un album de 2 CD du label CPO 777607-2
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Photo à la une : © DR