Décidément, la Sinfonia Domestica se plaît au disque ces derniers temps : je viens à peine de ranger dans ma discothèque la version flamboyante de Kristian Järvi que me parvient celle de Marek Janowski. Les micros si justes de Pentatone ont capté sa lecture pleine d’esprit dans l’acoustique parfaite de la Salle de concert de la RBB de Berlin.
Pleine d’esprit … Marek Janowski avait enregistré voici quelques lustres Die schweigsame Frau où Strauss se moquait sotto voce de la tyrannie domestique de son épouse. Tout l’orchestre de la Domestica s’y retrouvait plus de trente ans plus tard, et Janowski sait le faire sonner dans toutes ses subtilités. Il dessine les sujets avec une tendresse bienveillante que vient piquer une nuance d’ironie. Le charme capiteux de l’Adagio, vrai nuit d’amour, est saisi ici avec des sonorités magiques. Cette carte du tendre, Janowski la parcourt avec un œil bienveillant et visiblement ému, ce qui ne l’empêche pas de faire sonner le barnum final avec une maestria clouante qui aurait ravi les mélomanes new-yorkais, témoins de la première de l’œuvre crée au Carnegie Hall le 21 mars 1904.
Et surprise, Janowski offre en complément le rare Die Tageszeiten qui attendait une version alternative à la lecture un rien brouillonne de Michel Plasson. C’est chose faite, les poèmes d’Eichendorff rayonnent dans les vêtures atmosphériques d’un orchestre souvent magique, porté par le sombre chœur de voix d’hommes. Cycle méconnu, je me demande bien pourquoi.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss (1864-1949)
Sinfonia domestica
Die Tageszeiten
Rundfunkchor Berlin, mezzo-soprano
Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin
Marek Janowski, direction
Un album du label Pentatone PTC5186507
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Photo à la une : © Guy Vivien