Le piano de Louis Vierne trouve peu à peu les chemins du disque. Après les intégrales pionnières de Georges Delvallée et d’Olivier Gardon, Jean Dubé signait une version très sculptée des Préludes, preuve que ce corpus relativement mince trouve de nouveaux apôtres.
Muza Rubackyté s’est engagée dans un « projet Vierne » qui proposera trois incursions, l’une en musique chambre, l’autre dans les splendides mélodies – une part trop ignorée de son œuvre – et le premier que voici, mettant en regard les Préludes et le chef-d’œuvre du piano de Vierne, le poème Solitude.
Pour le kaléidoscope des Préludes, son geste ferme, son jeu si timbré évitent l’effet de succession de ce qui semble souvent des pièces caractéristique pour tisser une seule grande ligne qui trouve son apogée dans les appels angoissés de l’ultime Seul. Le passage vers Solitude est évident, même ton sombre, mais piano bien plus imaginatif : la Grande Guerre est passée par là, et Vierne conçoit l’œuvre comme un ex-voto à la mémoire de son frère René, mais alors un ex-voto en rien apaisé : une succession d’hallucinations et de convulsions qui excède les possibilités du clavier et où une écriture d’orgue s’impose souvent.
Muza Rubackyté fait tout sonner, créant une symphonie expressionniste sciante. Le disque se referme sur le Troisième Nocturne également dédié à René, espace de rêve dont les variations harmoniques subtiles apportent enfin une teinte de consolation à ce disque si sombre.
LE DISQUE DU JOUR
12 Préludes, Op. 36
(Livres I & II)
Solitude, Op. 44
Nocturne No. 3, Op. 35
Mūza Rubackytė, piano
Un album du label Brilliant Classics 93154
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Photo à la une : © V. Petriko