En lumière

Le combat mené par Nikolaus Harnoncourt pour relire drastiquement les Symphonies de Schubert est-il gagné alors qu’il vient de réaffirmer son art tout au long de sa nouvelle intégrale enregistrée avec les Berliner Philharmoniker publiée voici peu ?

Il semble bien que oui. Prenez ce disque de Philippe Jordan et des Wiener Symphoniker capté « live » en novembre 2014 et avril 2015 : orchestre sur les pointes, rythmes alertes, accents inhabituels, phrasés brefs, cette Symphonie en ut affiche tous les signes d’une lecture philologique : agogique fluide, couleurs tranchantes, et la lumière de ses polyphonies qui aèrent l’écriture verticale du dernier mouvement se souviennent de la Jupiter de Mozart plutôt qu’ils n’annoncent Bruckner. Et il me faut bien avouer que cette manière solaire m’a absolument conquis.

Un peu moins pourtant dans l’Inachevée, très dite derrière son ton d’estompe, fiévreuse mais sans vision. Ce contrôle du son chez Philippe Jordan a quelque chose de « karajanesque » – le legato des cordes sonne comme un souvenir de l’art du maestro autrichien. Mais lorsque les cuivres paraissent, soudain ce sont les accents péremptoires d’Harnoncourt qui résonnent. Cette Inachevée entre deux mondes pose décidément plus de questions qu’elle n’apporte de réponse…

LE DISQUE DU JOUR

cover jordan schubert WSFranz Schubert (1756-1791)
Symphonie No. 8 en si mineur, D. 959 « Inachevée »
Symphonie No. 9 en ut majeur, D. 944 « Grande »

Wiener Symphoniker
Philippe Jordan, direction

Un album du label Wiener Symphoniker WS009
Acheter l’album sur le site du label Wiener Symphoniker, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr
Télécharger l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © DR