Le 26 novembre prochain, Earl Wild aurait eu cent ans ! Anniversaire inratable que RCA fête dignement en incluant les trop rares gravures de jeunesse qu’il confia à ses micros. Hélas, vous n’y trouverez pas les deux albums de pièces de virtuosité « Liszt – Piano Extravanganzas on Operatic Themes » et « Viennese Piano Estravaganza » publiés un temps sous label RCA mais propriétés du Reader Digest, qui serait bien inspiré de les rééditer.
L’essentiel est donc dévolu à Gershwin. Earl Wild reprenait le flambeau laissé encore brûlant par les extraordinaires Jesus Maria Sanroma et Oscar Levant. En 1942, Toscanini lui même l’avait fait débuter à Carnegie Hall dans la Rhapsodie in Blue, sensation garantie : le jeune homme y swinguait sans complexe.
L’anthologie Gershwin gravée à peu près vingt ans plus tard avec le Boston Pops et Arthur Fiedler est restée immaculée. Wild joue le Concerto comme un danseur, d’un pas léger, il le chorégraphie, merveille de fantaisie et d’entrechats qui n’aura jamais son équivalent dans la discographie de l’œuvre. La Rhapsodie in Blue et les Variations sur « I Got Rythm’ » sont tout aussi élégantes, avec ce ton plus comédie musicale que jazz band, qui en fait la singularité.
A ces classiques absolus du microsillon s’ajoutent un album Scharwenka pionnier, fruit de l’insatiable curiosité du pianiste pennsylvanien pour le répertoire virtuose oublié : son Premier Concerto mené grand train par Erich Leinsdorf occupait la face d’un microsillon dont les vrais trésors étaient au revers : un Scherzo de d’Albert désopilant, un grand numéro de bravoure sur La vie pour le Tsar signé Balakirev encadraient une lecture géniale – timbres rêvés, legato d’argent – de l’Improvisation Op. 31 No. 1 de Medtner, un compositeur qu’il aurait dû enregistrer plus.
Tout un disque Paderewski est de la même eau, curiosité superbement défendue. Mais l’album Liszt couplant un Premier Concerto et une Fantaisie hongroise autrement plus réussie, brillante jusque dans les ajouts et les réécritures dont la pare le pianiste, montre les limites de son art dès qu’il touche au cœur du répertoire romantique. Prochain volume de cette série des pianistes américains, les enregistrements en concerto et en solo d’Eugen Istomin ! Depuis le temps qu’on les attendait!
LE DISQUE DU JOUR
Earl Wild
The Complete RCA
Album Collection
Eugen d’Albert (1864-1932)
Scherzo pour piano en fa dièse mineur, Op. 16 No. 2
Mily Balakirev (1837-1910)
Réminiscences sur des thèmes de l’opéra “Une vie pour le tsar” de Glinka (Fantaisie pour piano)
George Gershwin (1899-1937)
Rhapsody in Blue*
An American in Paris*
Concerto pour piano et orchestre en fa majeur*
Variations sur « I Got Rhythm »*
Cuban Overture (Ouverture cubaine)*
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Sonata for Oboe and Basso continuo (Piano) in G Minor HWV 364a
Franz Liszt (1811-1886)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en mi bémol majeur, S. 124****
Fantaisie hongroise pour piano et orchestre****
Nicolaï Medtner (1880-1951)
Improvisation pour piano, Op. 31 No. 1
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre No. 21 en ut majeur, K. 467 (extrait : II. Andante)
Ignace Jan Paderewski (1860-1941)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 17
Fantaisie polonaise sur des thèmes originaux, Op. 19
Xaver Scharwenka (1850-1924)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en si bémol mineur, Op. 32**
Max Steiner (1888-1971)
Four Wives: Symphonie Moderne
Earl Wild, piano
Robert Bloom, hautbois (Haendel)
*Boston Pops Orchestra
**Boston Symphony Orchestra
***London Symphony Orchestra
Philadelphia Orchestra (Mozart)
National Philharmonic Orchestra (Steinerl)
*, ***Arthur Fiedler, **Erich Leinsdorf, ****André Kostelanetz, Eugene Ormandy (Mozart), Charles Gerhardt (Steiner), direction
Un coffret de 5 CD du label RCA 888750307422
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Photo à la une : © DR