Quatre opus pour piano coulés de la plume du jeune Bartók : noir c’est noir. La Marche funèbre pour Kossuth ouvre l’album, clavier d’ombres, qui se prolonge dans la vaste Première Rhapsodie, l’Opus 1 d’un jeune homme de vingt-trois ans. Ce sombre poème pianistique qu’il habillera par la suite d’un orchestre se souvient encore de Liszt, enfin du Liszt de la fin qui suspend la tonalité, et enferre son piano dans des teintes nocturnes.
Andreas Bach, qui m’avait conquis au long du premier volume de son intégrale, creuse son clavier, piano d’une profondeur stupéfiante, et emporte cette vaste partition avec une violente ardeur. Quel pianiste ! Il donne aux chefs-d’œuvre de ce second volume, les deux Élégies, toute leur étrangeté lyrique – les inventions du piano de Busoni ne sont pas loin – et dévoile avec éclat le réel premier opus pour le piano écrit par Bartók : les Quatre Pièces.
Une tempétueuse Étude pour la main gauche ouvre le cahier dont le centre est composé de deux Fantaisies au caractère improvisé, musiques de la puszta, avec quelque chose d’onirique mais sombre toujours. Un Scherzo dans le caractère hongrois clôt ce recueil rarement entendu, musique étrange, ironique et mordante, dont Andreas Bach saisit le caractère fantasque à la perfection.
J’attends les prochains volumes de cette saga avec impatience.
LE DISQUE DU JOUR
Béla Bartók
(1881-1945)
L’Œuvre pour piano (Intégrale) – Vol. 2 : Bartók romantique
Andreas Bach, piano
Voir la critique du Vol. 1,
par Jean-Charles Hoffelé
Le programme du second volume
Kossuth, Sz. 75b, BB 31 (extrait : Marche funèbre, version pour piano)
Rhapsodie pour piano, Op. 1, Sz. 26, BB 36a (version originale)
2 Élégies, Op. 8b, Sz. 41, BB 49
4 Pièces, Sz. 22
Un album du label Hänssler Classic 98043
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Photo à la une : © DR