Mariss Jansons est venu tardivement à Mahler, en restant longtemps à la seule Deuxième Symphonie. S’il s’est finalement imposé comme un des mahlériens de l’heure, sa conversion aura été l’effet majeur de son mandat auprès des musiciens de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam pour qui
Mahler, depuis l’ère de Wilhelm Mengelberg, ami proche du compositeur, est le pain quotidien : Eduard van Beinum, Wilhelm van Oterloo, Bernard Haitink ont transmis plus qu’un héritage, une langue, une syntaxe, un vocabulaire qui permettent aujourd’hui à cette si subtile Quatrième Symphonie de paraître.
Littéralement, Mariss Jansons n’y fait rien, se garde bien de la diriger, l’orchestre amstellodamois la joue dans un ravissement constant, ses pupitres miel et soie y distillant un jeu d’une légèreté, d’une fluidité qu’on croirait rêvées. Cette absence de point de vue est idéale dans la pastorale édénique voulue par Mahler, et même le Ruhevoll, débarrassé de tout pathos produit son vaste forte comme un événement naturel et non plus un cri.
Dans le Finale, Dorothea Röschmann ne fait pas l’ange, voix pleine et intense, mais chante d’expérience, sans innocence, avec une sorte de tristesse dans le timbre qui soudain fait voir l’envers du paradis. Concert béni, unique, inusable probablement.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 4
Dorothea Röschmann, soprano
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Mariss Jansons, direction
Un album du label RCO Live 15004
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Photo à la une : © DR