Qui est ce jeune pianiste qui joue avec un tel naturel, une telle évidence les Sonates de Mozart, territoire si périlleux pour tant de ses confrères ? William Youn, né en Corée, éduqué aux Etats-Unis dès ses treize ans, puis installé en Europe l’année de ses dix-huit ans. Il aura perfectionné son art auprès de Dmitri Bashkirov et William Grant Naboré, il vit aujourd’hui à Munich.
Dieter Oehms a eu mille fois raison de le laisser s’engager dans cette intégrale des Sonates de Mozart dont le troisième volume vient de paraître. La pureté du style y est admirable, piano alerte, sans aucune concession au pathos, son sculpté sans une dureté pourtant, un jeu polyphonique qui donne aux Finales une dimension symphonique, le tout porté par un sens du discours qui respecte les rythmes et les accents, les « déromantise ». Probablement le fruit de son amitié avec Andreas Staier, et les conseils de Naboré.
Mais derrière cette lecture historiquement informée que viennent équilibrer les beaux Bechstein et Steinway choisis par l’artiste, c’est bien un Mozart éternel qui nous parle. Cette grâce, cette simplicité je ne les avais plus entendues ici depuis Lili Kraus, c’est dire.
Le troisième volume est enregistré en partie en concert, sans que cela change quoi que ce soit à cet art si leste, si subtil, où le beau son n’est pas une fin en soi. Mais il vous faudra connaître les trois volumes, et suivre la série, de toute façon une fois entendu Willam Youn ici, il vous sera difficile de les oublier.
A peine ses Mozart rangés, j’ouvre un album Brahms où il délivre une lecture orchestrale des deux Sonates pour alto en compagnie de Nils Mönkemeyer, et soudain l’immensité de son clavier, un art de timbrer profond, intense, surgissent. Il faut bien autant de présence pour faire jeu égal avec le grand alto que Peter Eben a construit spécialement pour le jeune virtuose allemand : une quasi viole par ses sonorités magiques de contralto et la puissance de sa sonorité.
Brahms est vraiment chez lui avec un tel instrument et les deux Sonates n’ont pas résonné avec une telle poésie et une telle éloquence depuis l’ancienne gravure de William Primrose et Rudolf Firkusny. Quatre Danses hongroises entre fantaisie et nostalgie – dans trois le Signum Quartett entre dans le jeu pour un savoureux décalque tzigane – achèvent de faire de ce disque un album gagnant.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Les Sonates pour clavier –
Vol. 1
Sonate No. 4 en mi bémol majeur, K. 282
Sonate No. 8 en la min, K. 310
Sonate No. 10 en ut maj,
K. 330
Sonate No. 17 en si b maj,
K. 570
William Youn, piano
Un album du label Oehms Classics OC880
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Wolfgang Amadeus Mozart
Les Sonates pour clavier –
Vol. 2
Sonate No. 2 en fa majeur,
K. 280
Sonate No. 9 en ré majeur,
K. 311
Sonate No. 12 en fa majeur,
K. 332
Sonate No. 16 en ut majeur,
K. 545 “Sonate facile”
William Youn, piano
Un album du label Oehms Classics OC1824
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Wolfgang Amadeus Mozart
Les Sonates pour clavier –
Vol. 3
Sonate No. 1 en ut majeur,
K. 279
Sonate No. 11 en la majeur,
K. 331
Sonate No. 15 en fa majeur,
K. 533/494
William Youn, piano
Un album du label Oehms Classics OC1830
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Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour clarinette (ou alto) et piano No. 1 en fa mineur, Op.120 No. 1
Sonate pour clarinette (ou alto) No. 2 en mi bémol majeur, Op.120 No. 2
Danses hongroises
(extraits, dont 3 arrangées pour alto, piano et quatuor à cordes : Nos. 1, 4, 5 & 16)
Nils Mönkemeyer, alto
William Youn, piano
Signum Quartett
Un album du label Sony Classical 88875122782
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Photo à la une : © Irène Zandel