Jeune-homme, à la tête de l’orchestre d’étudiants qu’il avait formé à Montréal, Yannick Nézet-Seguin avouait une ambition : diriger toutes les Symphonies de Mahler. Le compositeur du Chant de la Terre ne l’a depuis pas quitté, sa discographie y revient régulièrement et après l’omega de la 10e Symphonie captée au Québec, voici que paraît l’alpha, une Première Symphonie donnée à la Herkulesaal les 26 et 27 juin 2004 avec l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise qui constitue au disque sa nouvelle intégrale Mahler depuis le cycle inoubliable gravé par Rafael Kubelik pour la Deutsche Grammophon, mais cette fois à chaque symphonie son chef : Bernard Haitink pour la 9e, Mariss Jansons pour la 7e, Daniel Harding pour la 6e.
Yannick Nézet-Séguin entre en magicien dans le Naturlaut où Mahler déploie toute une poésie de timbres qu’il faut savoir doser. La balance est parfaite, tout sonne en concordance, jusqu’à ce que la harpe commence son compte dans le grave : ce songe devient noir, et cette ténébreuse tension ne quittera plus l’œuvre. Car c’est bien là la leçon de cette lecture univoque : des fanfares de chasse de la seconde partie du premier mouvement, en passant par les Ländler du Scherzo ou la marche à la manière de Callot finement calligraphiée et d’une poésie assez inouïe jusqu’à ce vaste Finale où Mahler a inscrit sa plus longue phrase mélodique, portée ici sostenuto, tout est noir même lorsque la lumière éclate, jamais une certaine tension ne cesse.
Inutile de vous préciser à quel point cet orchestre est chez lui, tant et si bien qu’il se plie à la conception d’un chef qui décidément possède son propre Mahler, ce qui finalement est devenu plutôt rare.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1, « Titan »
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un album du label BR-Klassik 900143
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Photo à la une : © DR