De l’âme tchèque

Deux opus des années trente – joueurs, heureux jusque dans la nostalgie (l’Andantino des Bergerettes, merveille !), où Martinů fait danser archets et clavier – et deux trios en trois mouvements écrits quasiment l’un après l’autre en 1950 et 1951, voilà le bref corpus enfin assemblé sur un seul CD.

L’opus le plus couru reste les Bergerettes, avec leur langue alerte, et leurs saveurs populaires : rendues sur les pointes, jouées virevoltantes comme elles le sont ici, impossible de leur résister : l’alliage entre le clavier motoriste et les traits fusants des cordes est réalisé avec une perfection enthousiaste qui mine de rien demande une sacré virtuosité.

Mais les cinq pièces brèves du Trio en ré mineur sont toute aussi exigeantes, avec leur écriture qui tourne souvent à la polytonalité, opus futuristes dans le catalogue des années trente dont le Trio Smetana fait entendre toute la radicalité.

La guerre passée, cette nostalgie qui paraissait même derrière les plus joyeuses musiques de Martinů s’imposa au premier plan, souvent déchirante. Les deux Trios des années cinquante vont au sombre, avec une éloquence quasiment beethovénienne, il faut les chanter de l’intérieur, le lyrisme si tendu du Second s’éloigne des musiques populaires qui animent encore le Premier, bel exemple de ce folklore imaginaire devenu l’idéal musical du compositeur.

LE DISQUE DU JOUR

cover martinu smetana trio supBohuslav Martinů (1890-1959)
Trio pour piano No. 1,
H. 193 “Cinq pièces brèves”

Trio pour piano No. 2
en ré mineur, H. 327

Bergerettes, cinq Pièces
pour violon, violoncelle et piano

Trio No. 3 en ut majeur, H. 332

Trio Smetana
Jitka Čechová, piano
Jiří Vodička, violon
Jan Páleníček, violoncelle

Un album du label Supraphon SU4197-2
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Photo à la une : (c) DR