Certains cycles s’achèvent et on regrette illico de les voir finir. Voilà, Yuri Martynov dévoile sa Neuvième Symphonie de Beethoven, lue, pensée, restituée exactement comme ce qu’a voulu en faire Franz Liszt, un témoignage d’admiration devant le génie, non pas une transcription, mais une récréation où le piano s’empare du discours et rêve un orchestre.
Pour le discours, écoutez seulement les phrasés, les ponctuations, les digressions, la conduite orante, incertaine et si éloquente de l’Adagio molto e cantabile. La 9e Symphonie ? La Hammerklavier ! Quel sens de la parole en musique jusque dans le murmure, quel art de timbrer dans l’ombre, dans le tendre, avec cette grande ligne qui ne cesse jamais et cherche l’infini.
Pour l’orchestre, faites confiance à ce sublime Blüthner de 1867, aux registrations d’orgue, à la plastique souveraine, tour à tour cor, hautbois ou violon, dont les harmonies fruitées sont suscitées par un art du toucher sidérant de justesse, de finesse. En voilà un qui fait respirer son clavier, provoquant les résonances harmoniques, ouvrant l’espace.
Ultime étape d’un voyage unique. Finalement c’est l’intégrale Beethoven-Liszt à laquelle je reviendrai sans hésiter. Et pour demain, que nous réserve Yury Martynov ? Les Sonates, les Variations, les Bagatelles n’attendent que ses pianos et son art.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827) / (arr. Franz Liszt) (1811-1886)
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »
Yury Martynov, pianoforte
Un album du label Alpha 227
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Photo à la une : © DR