On n’en aura probablement jamais fini avec les enregistrements en concert de Karl Böhm, et heureusement ! Qui connaît ses Bruckner viennois, vifs et pourtant spacieux, voudra évidemment l’entendre dans cette Huitième avec les Berliner Philharmoniker. 26 novembre 1969, Böhm est au sommet de son art, cet incroyable concert le montre infiniment plus libre qu’au studio. Écoutez seulement ce Scherzo où l’humeur fait tout, où les tempos se lovent ou se fracassent, et dont les dynamiques capricieuses semblent suspendues à la fantaisie d’une baguette étonnante de précision et d’agilité.
Mais il y a plus que cette invention qui révèle toute les beautés de l’orchestre brucknérien dans le haut diapason des Berlinois : un propos, une parabole, quelque chose de nietzschéen, comme si cette symphonie démiurgique convoquait Zarathoustra en son sein. Une parole s’y incarne.
Sans conteste l’un des tout grands témoignages de ce musicien aventureux, téméraire, éternellement jeune que fut toujours, à contrario de son image, Karl Böhm, et l’occasion de vérifier une fois encore qu’à l’égal de Jochum, Wand, Furtwängler ou Abendroth, il s’impose au panthéon des brucknériens absolus : le grand vaisseau de cordes tristanesques qui traverse le plus bel Adagio que j’ai jamais entendu vous emmènera très loin.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 8 en ut mineur, WAB 108
Berliner Philharmoniker
Karl Böhm, direction
Un album du label Testament SBT1512
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Photo à la une : © DR