Americas

Certains disques vous cueillent sans crier gare. J’avais laissé passer le dernier album d’Anne Gastinel, mais une récente Tribunes des critiques de disques m’a rappelé à l’ordre. Qui doublait avec tant de science la soprano dans l’Aria de la Cinquième des Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos, cet archet ferme qui phrase dans le chant, ce son tenu aux registrations mesurées ?

C’était Gastinel mariant ses timbres à celui de Sandrine Piau. Un disque Villa-Lobos ? Pas seulement. Une mise en regard PiazzollaVilla-Lobos autour du violoncelle. Des violoncelles ! Car Anne Gastinel s’est entourée de ses collègues de l’Orchestre National de France pour cinq tangos et les deux Bachianas.

Pour les opus de Villa-Lobos, qui pense ses ensembles de violoncelles en les épiçant avec les sonorités d’un petit orchestre de rue – celui des Choros qui résonnent dans les favelas – la fête est magique : jamais depuis le geste du compositeur avec d’ailleurs déjà les violoncelles du National en 1956, l’esprit de cette musique n’avait été aussi bien saisi, la danse est partout, contagieuse dès les premières mesure de la Première Bachianas, mais aussi la saudade tout au long.

Et cette 5e Bachianas montre Piau au sommet de son art que dépare un tempo un rien lent dans l’Aria, mais quelle présence … qui éclate littéralement dans la Dança dont le martello grouillant de mots – la soprano surveille son brésilien, très artistement réalisé – plein d’accents solaires, avec une fantaisie dans le récit de l’Allegretto qui retrouve le génie d’une Victoria de los Angeles.

Mais après cette merveille, retournez à Piazzolla : écoutez seulement comment Gastinel phrase Histoire du Tango-Café 1930 ! Elle ajoute avec cet album osé une nouvelle perle à sa discographie si singulière.

LE DISQUE DU JOUR

cover gastinel americas naiveAmericas
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Bachianas brasileiras n° 1, pour huit violoncelles (1932)
Bachianas brasileiras n° 5, pour soprano et huit violoncelles (1938-1945)
Astor Piazzolla (1921-1992)
Adios Nonino
Le Grand Tango
Histoire du Tango-Café 1930
Adios Nonino
Michelangelo 70
Oblivion

Sandrine Piau, soprano
Anne Gastinel, violoncelle
Violoncelles de l’Orchestre National de France

Un album du label Naïve V 5378
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Photo à la une : © Sandrine Expilly/Naive