Depuis les Arditti, aucun quatuor ne s’est tant préoccupé de la création contemporaine : les Diotima se sont fait un nom avec Lachenmann, Pesson, Ferneyhough, Murail, Rebecca Sanders ou Alberto Posadas.
Fêtant leur vingtième anniversaire, ils reviennent aux sources de la modernité. La Seconde école de Vienne leur inspire un coffret reprenant les œuvres de Schönberg, Berg et Webern enregistrées jadis par le Quatuor LaSalle pour Deutsche Grammophon, album demeuré légendaire. S’y ajoute tout un disque d’opus de jeunesse de Schönberg où passe autant l’ombre de Wolf que celle de Beethoven.
Inutile de confronter leur proposition à celle de leurs ainés de Cincinnati, le propos est absolument différent : traquer dans chaque œuvre la modernité absolue dont aura découlé toute la littérature pour les quatre cordes qui aura suivi.
Les lectures au cordeau sont d’une précision fanatique : écoutez seulement la mise en place de l’Allegro misterioso de la Suite lyrique, mais ne renoncent pas à cette sonorité chaleureuse où les harmoniques rayonnent. Tous les premiers opus de Schönberg montrent une fantaisie jusque dans la rigueur de l’exécution qui surprend en bien.
Et le Deuxième Quatuor, qui fait entendre une musique venue d’une autre planète aura rarement résonné avec une telle plénitude, l’évidence du naturel. Le disque Webern, composé avec un mélange de fièvre et de stupeur possède une puissance expressionniste imparable, encore renforcée par l’adjonction en coda des Six Bagatelles d’un lied que Webern avait décidé d’exclure : cette déploration sur la mort d’une mère soulignait trop le caractère autobiographique du cahier.
Ensemble magistral, qui montre le Quatuor Diotima accompli aux sources de son univers, très artistement capté.
Historique ? Probablement.
LE DISQUE DU JOUR
Arnold Schönberg (1874-1951)
Presto en ut majeur
Scherzo en ut majeur
Quatuor à cordes en ré majeur (1897)
Quatuor à cordes No. 1
en ré mineur, Op. 7
Quatuor à cordes No. 2
en fa dièse mineur, Op. 10
Quatuor à cordes No. 3, Op. 30
Quatuor à cordes No. 4, Op. 37
Alban Berg (1885-1935)
Quatuor à cordes, Op. 3
Suite lyrique
Anton Webern (1883-1945)
Langsamer Satz
Quatuor à cordes (1905)
Rondo pour quatuor à cordes
5 Mouvements, Op. 5
6 Bagatelles, Op. 9
Schmerz immer, Blick nach oben
Quatuor à cordes, Op. 28
Quatuor Diotima
Sandrine Piau, soprano (Schönberg, Op. 10)
Marie-Nicole Lemieux, contralto (Berg, Suite lyrique; Webern, Schmerz immer)
Un coffret de 5 CD du label Naïve 822186053805
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Photo à la une : © Jérémie Mazenq