Gil Shaham tente une aventure un rien périlleuse : revenir, en l’élargissant parfois, à ce répertoire d’élection où il triompha d’abord sous étiquette Deutsche Grammophon : l’abondante littérature que le violon inspira aux compositeurs durant l’entre-deux guerres.
Mettre en miroir le faux académisme du Second Concerto de Prokofiev et la partition radicale qu’est le Second de Bartók, quel sens du risque ! Chez Prokofiev, l’archet est souverain, léger, brillant, ductile et entouré avec art par les Knights d’Eric Jacobsen. Par la mobilité, par l’intelligence du jeu collectif, Shaham et ses comparses mettent une sérieuse volée à l’ancienne mouture DG où Previn dressait un décor. Bravo.
Mais hélas dans le Bartók, notre violoniste chéri est bien seul : on n’entre pas ici dans la même rhapsodie nocturne guidé par la battue amorphe de Stéphane Denève que sous la respiration inquiète et inexorable du Chicago Symphony Orchestra réglé par Pierre Boulez. Demi-disque donc, qui laisse espérer que pour le Premier de Prokofiev, Shaham retrouve ses « Chevaliers », et qu’il ne tarde pas trop à nous offrir les deux Szymanowski, années trente – seul le Deuxième est dans la « liste » – ou pas …
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon No. 2
en sol mineur, Op. 63
Sérénade pour orchestre No. 2 en la majeur, Op. 16
Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour violon No. 2,
Sz. 112
Gil Shaham, violon
The Knights (Prokofiev)
Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart (Bartók)
Eric Jacobsen, direction (Prokofiev)
Stéphane Denève, direction (Bartók)
Un album du label Canary Classics CC16
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Photo à la une : © DR