Je ne me lasse pas des Variations Goldberg, qui les enregistre gagne instantanément ma considération. Il faut oser pénétrer ici, y exposer son art et ses défaillances, car tout s’y montre.
Je ne savais rien de Marie Rosa Günter, pianiste allemande, trente ans, élève de Matti Raekallio et de Jelena Levit, mais il a suffit de quelques minutes, le temps que le thème s’égrène, pour me réjouir de l’écouter.
Ce piano sans façon, à la sonorité dorée et modeste, qui sait phraser, et utilise les miroirs de la polyphonie avec finesse, trouvera son chemin dans le labyrinthe des Goldberg, c’est certain, et de fait elle le trouve avec quelque chose d’évident, de très peu voulu, d’admirablement réalisé, qui cherche l’équilibre sans la sévérité, le son sans l’excès du son, la tempérance sans la tristesse. Sur tout l’orbe de cette grande ligne, rien ne se fragmente, tout est dans tout, et chante sans hausser la voix. C’est d’une artiste, c’est d’une « tête » aussi, qui sait mine de rien construire le discours, ne s’embarrasse pas de considérations philologiques mais regarde le texte droit dans les notes.
Elle possède cette capacité de sembler en retrait et pourtant d’être au cœur de l’œuvre, d’en refuser les effets pour mieux en saisir le sens. Certitude : ses Goldberg si simples reviendront encore dans ma platine, il se pourrait bien qu’elles m’accompagnent l’été durant.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg, BWV 988
Marie Rosa Günter, piano
Un album du label Genuin GEN16435
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Photo à la une : © DR