En novembre 1986, Mariss Jansons enregistrait pour la première fois la Deuxième Symphonie de Rachmaninov avec un Philharmonia méconnaissable : cordes de miel, flûtes en résine de bouleaux, cors-cloches, toute une poésie d’orchestre, et des paysages ! qu’il ne retrouva pas intégralement dans son remake pour EMI à Saint-Pétersbourg, trop sévèrement tenu.
La publication d’un concert amstellodamois donné au Concertgebouw en janvier 2010 – que l’éditeur tire d’un fort coffret illustrant la collaboration de Jansons et de la phalange hollandaise paru l’année dernière – me replonge dans l’orchestre-monde que le chef letton avait jadis suscité à Londres : non plus une symphonie, mais une vaste ode lyrique où les musiciens du Concertgebouw font tout entendre de ce tissu sombre et miroitant, aux polyphonies de timbres d’autant plus surprenantes que chaque pupitre rayonne : la clarinette est le dieu secret de cette œuvre, elle est purement onirique ici, conteur et personnage à la fois.
Avec cela une liberté dans la conduite – écoutez le Scherzo, fluide et pourtant plein d’accents – qui culmine dans un Adagio éthéré, véritable rêve, les yeux ouverts. La beauté de cet orchestre en devient quasiment irrespirable. Et si c’était un des plus beaux enregistrements de Mariss Jansons ? Il nous faudrait maintenant par cette paire de magiciens la Troisième Symphonie et Les Cloches !
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Symphonie No. 2 en mi mineur, Op. 27
Royal Concertgebouw Orchestra
Mariss Jansons, direction
Un album du label RCO Live RCO 16004
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Photo à la une : © DR