Tout un récital de choses légères et délicieuses, voilà la carte de visite qu’adresse Julie Fuchs à ses aficionados qui sont à vrai dire déjà assez nombreux. Elle a bien raison, avec sa voix en petite trompette, et qui pétille, elle emporte avec brio l’esprit Extra Dry du Yes de Maurice Yvain qui ouvre avec brio le disque et n’oublie pas le chic qu’Yvonne Printemps mettait à ses Messager et à ses Hahn : « Mon bel inconnu », où elle se double elle-même, est un petit miracle de nostalgie.

Je la trouve plus chez elle dans le déluré charmant – sommet du genre « Je ne savais pas que c’était ça… » tiré de La Pouponnière de Casimir Oberfeld – où les mots sont vifs que dans les chansons nostalgiques de Weill ou l’air de Vilya. Le français lui colle à la voix, moins celui des adaptations d’après des textes étrangers : la preuve « Non Monsieur mon Mari » vous met sous les yeux illico Thérèse et ses revendications féministes, ou « Ah ! Cher Monsieur ! Excusez moi ! » avec sa parodie délicieuse de l’air de Manon, se placent tout naturellement dans son débit vif et son timbre argenté.

Mais le sommet secret de l’album se trouvera chez Ravel : son avertissement du Feu tiré de L’Enfant et les sortilèges la montre soudain poète et inventive, dépassant le simple exercice de colorature. Admirable jusque dans un rire qui devient vertigineux, et accompagné avec art par Samuel Jean et l’Orchestre National de Lille qui sont les autres héros de cet album vainqueur.

LE DISQUE DU JOUR

Yes!
Airs de Henri Christiné, Reynaldo Hahn, Arthur Honegger, Franz Lehár, André Messager, Casimir Oberfeld, Francis Poulenc, Maurice Ravel, Nikolai Rimski-Korsakov, Kurt Weill, Vincent Youmans, Maurice Yvain

Julie Fuchs, soprano
Orchestre National de Lille
Samuel Jean, direction

Un album du label Deutsche Grammophon 4812007
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Photo à la une : © DR