Tout Schubert pourrait tenir dans la première page de la grande Sonate en sol majeur, dans ces accords qui cherchent l’ombre et trouvent l’indicible. Qui les murmure a ici tout compris.
Natalia Ehwald, jeune pianiste allemande dont c’est le premier album, va chercher toujours plus loin un pianissimo irréel, où chaque note des accords s’équilibre dans un incroyable dolce. Le thème peut venir, il restera dans ce clavier de nuit de pleine lune, clarté au centre d’un sombre immuable.
La sol majeur dite « Fantasia » est l’une des plus complexes sonates jamais coulées de la plume de Schubert, de la musique absolue, abstraite à force de tendresse, je l’ai toujours pensée idéalement écrite pour des pianistes de la trempe de Radu Lupu.
Natalia Ehwald a-t-elle conscience qu’elle la joue aussi secrète, aussi pudique, aussi magique que le pianiste roumain ? Elle est de plus mieux enregistrée, son Steinway semble mieux réglé, ce qui lui permet d’aller toujours plus loin vers un quasi silence. Admirable. Un peu moins les Kreislerana de Schumann auxquelles manquent la folie que je veux y entendre, mais lorsqu’elles se font réflexives, Ehwald est à nouveau prodigieuse. Une autre Sonate de Schubert aurait certainement fait un disque alors parfait !
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano No. 18
en sol majeur, D. 894
Robert Schumann (1810-1849)
Kreisleriana, Op. 16
Natalia Ehwald, piano
Un album du label Genuin
GEN 16413
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Photo à la une : (c) DR