Un disque magnifique regroupant des mélodies de Guido Albeto Fano m’avait alerté voici quelques années. Le disciple favori de Giuseppe Martucci n’était pas un épigone, comme me le démontrait le mezzo profond de Sara Mingardo, mais un artiste inspiré, préférant chanter dans l’ombre.
Et voici que Pietro de Maria enregistre deux de ces opus pianistiques. Immédiatement, la qualité de la facture, la grâce des mélodies encore avivé par une sorte de pudeur naturelle, et ce ton de confidence me replongent dans les atmosphères splénétiques de ses mélodies.
Dire que Pietro de Maria a tout compris de la grande Sonate si lyrique que Fano composa entre 1895 et 1899 est un euphémisme. L’œuvre est une splendeur, musique secrète, concentrée et pourtant divagante, qui déploie dans son Scherzo des chorals schumanniens. Busoni, avec lequel Fano étudia à Berlin, écrivait qu’elle était « di grande stile ». Je souscris, d’autant que De Maria la joue avec un sens du sostenuto, mais aussi une réserve dynamique dans la nuance des pianos, qui en révèle la singularité.
Les Quattro-Fantasie évoluent dans les mêmes registres subtils, déploient un onirisme pacificateur, avant de se conclure dans un Capriccio de grande fantaisie. Le Fazioli joué ici dans la Salle Apolinee de La Fenice est éminemment singulier. Ce « Gran Coda » sonne quasiment comme un piano ancien, timbres légèrement désunis, d’un charme fou, concourant à la réussite de cet album qui donne envie d’en savoir beaucoup plus sur Fano.
LE DISQUE DU JOUR
Guido Alberto Fano (1875-1961)
Sonate pour piano
en mi majeur
Quattro fantasie
Pietro de Maria, piano
Un album du label Brilliant Classics 95353
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Photo à la une : © DR