Suite lyrique

Insaisissable Eugen d’Albert : on le croit pianiste, et parmi les plus grands, mais ses contemporains le vénèrent plus encore comme le compositeur de Tiefland, on admet alors qu’il est le fer de lance du vérisme en Allemagne avec Die Abreise, puis soudain, voilà que je découvre cet Opus 11 qui le dévoile encore sous un autre jour.

Car ce Deuxième Quatuor, par ses audaces harmoniques, son écriture savante qui joue avec les formes baroques, son ton souvent étrange, comme s’il naviguait à vue entre la Sérénade italienne de Wolf et le Premier Quatuor de Zemlinsky, sera pour beaucoup une révélation. C’est que derrière la perfection formelle et les audaces d’écriture, une vraie suite lyrique le sous-tend, un poème d’amour sans mot dédiée à Teresa Careno que le Quatuor Reinhold entend parfaitement, diseur, subtil et ardent tour à tour. Voilà un opus qui mérite d’être connu et prend sa place dans le concert chambriste des années 1890.

Les Reinhold ont inversé l’ordre chronologique des deux Quatuors. Voici donc après l’Op. 11, l’Op. 7. Écrit six ans plus tôt, il se révèle tout aussi surprenant avec sa lyrique sombre, si proche de celle du Premier Quatuor (1873) de Brahms : son discours complexe, souvent brisé, tend à un expressionnisme échevelé. Et là, encore, bravo au quatuor issu de l’Orchestre du Gewandhaus qui saisit toute la singularité d’une telle œuvre !

LE DISQUE DU JOUR

Cvr CPO D'albert quatuorsEugen d’Albert (1864-1932)
Quatuor à cordes en mi bémol majeur, Op. 11
Quatuor à cordes en la mineur, Op. 7

Reinhold-Quartett

Un album du label CPO 555 012-2
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Photo à la une : © DR