Inusables les Sonates pour violon et piano de Brahms, chaque génération y impose son style. Hier, Sergey Khachatryan musiquait en toute intimité avec sa sœur Lusine, merveille de tendresse, aujourd’hui, Christian Tetzlaff et Lars Vogt les jouent au grand air.
Des sonates ? Des rhapsodies, qui déambulent dans des paysages de villégiature d’automne, celle de Brahms rêvant sur les berges du lac de Thoun : le violon ouvre grand la focale, le piano fait des travellings, découvrant des points de vues inédits. Il y a ici une telle maîtrise, une telle sérénité et pourtant ce chant sostenuto partagé à égalité entre l’archet et le clavier donne à chaque inflexion un caractère passionné. Ce ne sont plus trois sonates mais un vaste polyptique de neufs tableaux auquel s’ajoute la chasse du Scherzo de la Sonate « F.A.E. », écoutez un peu comme Tetzlaff y transforme son violon en cor !
Partout, ce duo rêve un orchestre, Tetzlaff et Vogt infusent ici un ton épique que même Suk et Katchen n’y avaient pas osé, la cohérence de l’ensemble en même temps que la variété des climats – cette furia qui saisit le Finale de la Sonate en ré mineur ! la subtilité des couleurs lyriques qui ouvrent la Sonate en sol – font ce cet ensemble parfait une proposition qui renouvelle la discographie.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violon et piano No. 1 en sol majeur, Op. 78
« Regen »
Sonate pour violon No. 2
en la majeur, Op. 100
Sonate pour violon No. 3
en ré mineur, Op. 108
Sonate pour violon, « F.A.E » (extrait : 3. Scherzo, WoO 2)
Christian Tetzlaff, violon
Lars Vogt, piano
Un album du label Ondine ODE 1284-2
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Photo à la une : © DR