Concours Chopin 2015. Un jeune homme de tout juste vingt ans partage le jury mais méduse le public : Georgijs Osokins joue Chopin comme la beauté ténébreuse qu’il affiche le faisait espérer, sombre, dense, profond.
Avec cette sonorité unique qui rayonne dans le plus noir des pianos que j’ai entendu depuis longtemps, une concentration du son, une invention dans l’interprétation, quelque chose d’absolu qui de toute façon ne pouvait pas le placer au rang du Premier Prix. Mais les grands outsiders du Concours Chopin furent toujours des interprètes majeurs du compositeur des Polonaises.
Georgijs Osokins, avec cette alliance surprenante de bravoure et de gravité, avec cette sonorité si rare qui s’unifie autour du bas medium, phrase Chopin ample, tend son discours, et propose souvent des lectures radicales qui étonnent : écoutez seulement la conduite absolument originale qu’il imprime à la si complexe Polonaise-fantaisie, une longue divagation qui pourtant n’oublie pas la forme qui l’autorise.
C’était oser beaucoup pour un premier disque Chopin d’aller uniquement aux ultimes opus. Mais que ce soit dans la Sonate en si, dans la si noire Berceuse, dans les Mazurkas de l’Opus 59 dont il fait trois mondes en soi, ou dans cette Barcarolle dès le premier accord captivante, tragique plutôt que rêveuse, il affirme avant même que des moyens somptueux des conceptions altières et pourtant murement réfléchies qu’on n’attend pas d’un pianiste si jeune. Et si un futur grand traçait là ses premiers sillons ? Écoutez seulement.
LE DISQUE DU JOUR
Frédéric Chopin (1810-1849)
« Late Works, Op. 57-61 »
Berceuse en ré bémol majeur, Op. 57
Sonate pour piano No. 3
en si mineur, Op. 58
3 Mazurkas, Op. 59
Barcarolle en fa dièse majeur, Op. 60
Polonaise-fantaisie
en la bémol majeur, Op. 61
Souvenir de Paganini en la majeur, Op. Posth.
Georgijs Osokins, piano
Un album du label Piano Classics PCL0109
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