Toute une vie à l’opéra ! Richard Novák n’aura pas été seulement le plus poète Garde Forestier de La Petite Renarde rusée vingt ans de rang, y succédant au légendaire Rudolf Asmus, mais sur les scènes lyriques de Brno puis de Prague la basse noble par excellence.
À une époque où l’on chantait sur les scènes tchèques tout en langue nationale, il fut de cette génération qui aura imposé les versions originales. Rien ne lui était plus naturel pour le répertoire allemand, sa seconde langue, mais il faut l’entendre abordant Philippe II, Fiesco, Walter ou Banco, ligne émouvante, mots clairs, et comme il fait danser l’air du catalogue de Leporello, de tempo vif.
Seule limite, il ne se risque pourtant pas au français pour « Scintille diamant » (qu’on sait depuis ne pas être d’Offenbach). Composant cet hommage pour ses quatre-vingt-cinq ans, son éditeur de toujours, Supraphon a bien fait les choses, rappelant au passage des Adieux de Wotan étreignants, perle d’un récital paru en 1979 trop oublié.
Mais il y a plus, tout un plein disque de Lieder où Richard Novák émerveille. Ses Wolf ombreux, savant mélange de chant et de déclamation, vont au cœur des secrets de Mörike, les sept Lieder du Schwanengesang (quel Doppelgänger !) surprennent plus encore : cette basse large, ces mots pétris d’émotion, ce timbre même, comment ne pas y entendre une réponse à l’art, à la voix même de Hans Hotter.
Quelle similitude, qui dit assez à quel point il fut un liedersänger de première grandeur. Le magnifique cycle des Nuits nordiques de Jaroslav Křička donne envie d’en savoir plus sur ce compositeur, et même les tardifs Chants bibliques de Dvořák, capté live en 2001 envoûtent par l’autorité, la spiritualité. Portrait complet d’une des plus belles voix tchèques du XXe siècle.
LE DISQUE DU JOUR
Airs d’opéras de Mozart
(Don Giovanni), Dvořák (Rusalka), Tchaïkovski
(Eugen Onegin), Glinka (Russlan et Ludmila), Moussorgski (Boris Godounov), Offenbach
(Les Contes d’Hoffmann), Verdi (Don Carlos, Simone Boccanegra, Macbeth, Luisa Miller),
Wagner (Die Walküre), Janáček (La Petite renarde rusée)
Hugo Wolf (1860-1903)
Mörike-Lieder (sélection)
Franz Schubert (1797-1828)
Schwanengesang, D. 957 (sélection)
Jaroslav Křička (1882-1969)
Nuits nordiques, Op. 14
Antonin Dvořák (1841-1904)
Chants bibliques, Op. 99
Richard Novák, basse
Gerhard Zeller, piano
Choeur et Orchestre de l’Opéra (Janáček) de Brno
Orchestre Philharmonique de Brno
PKF – Prague Philharmonia
František Jílek, direction
Miroslav Hoňka, direction
Jan Štych, direction
Jaroslav Kyzlink, direction
Tomáš Hanus, direction
Un album de 2 CD du label Supraphon SU 4206-2
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Photo à la une : © DR