Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski ? Ceux de Ravel plutôt. Car Gustavo Dudamel et les Viennois pensent d’abord à dispenser des couleurs, quitte à ce que le trait manque ça et là. C’est virtuose, plus d’une fois saisissant (comme la trompette si mobile qui fait trembler la supplique de Schmuÿle, ou le duvet sonore du Ballet des poussins), pourtant cela donne l’impression d’un survol, comme si les vignettes en eau-forte de Moussorgski avaient quasi disparu derrière les décors dressés par l’auteur du Boléro : les Catacombes, trompes à effet, n’ont rien d’un sépulcre, mais semblent proclamer un sacre.
Mais enfin, Dudamel n’aura pas été le premier à regarder du côté de Ravel, et encore une fois les Viennois, auteurs jadis d’un somptueux Daphnis et Chloé pour James Levine, montrent les affinités électives qui les relient aux subtilités de cet univers. Alors oui, j’écoute ces Tableaux et y reviens, quitte à me replonger dans ceux de Svetlanov par contraste.
Mais le complément, cette Nuit sur le Mont Chauve qu’on dirait peinte sur toile, pour laquelle Dudamel n’aura même pas eu l’idée d’enregistrer une des deux versions originales, m’indiffère, comme ce bis troussé sans tension, le somptueux Tempo di Valse du Lac des Cygnes. L’album fête le dixième anniversaire de son contrat avec le label jaune. L’âge de raison probablement.
LE DISQUE DU JOUR
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une exposition (Orchestration Ravel)
Une Nuit sur le Mont Chauve
Wiener Philharmoniker
Gustavo Dudamel, direction
Un album du label DG Deutsche Grammophon 4796297
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Photo à la une : © DR