Rafał Blechacz s’élance dans le Concerto Italien avec panache : les phrasés sont dressés, le rythme impérieux, le toucher affirmé. Dommage que le tempo cède à la fin de l’Allegro, mais l’Andante qui suit, détaché, mesuré, formé dans un luxe de nuances qui peu à peu va au pianissimo, me rembourse : une sicilienne s’y déploie qui n’annonce en rien les fusées du Presto.
C’est au fond en classique que Blechacz joue son Bach, comme déjà il jouait son Chopin, tout y est tenu, conçu, préparé, parfaitement en place, les ornements sont pensés pour accroître la puissance de l’harmonie et non pour emplir le discours, et dans les deux Partitas (si bémol majeur, la mineur), une logique imparable construit les danses, les assemble dans un discours solaire où les deux mains éclairent les polyphonies : écoutez seulement la Gigue de la Partita en si bémol majeur, ces staccatos impeccables qui sonnent comme des fusées de feux d’artifice, quel art, quel pianisme éclatant jusque dans le modelé des nuances : cela me rappelle les plans sonores que le pianiste polonais suscitait dans les Estampes de Debussy.
Quatre Duettos débarrassés de toute scolastique, une Fantaisie et Fugue en la mineur sculptée, et en postlude Jésus, que ma joie demeure, cet album serait-il placé sous la protection de Dinu Lipatti. Sa simplicité, son évidence l’avouent.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto Italien en fa majeur, BWV 971
4 Duettos, BWV 802-805
Fantaisie et Fugue
en la mineur, BWV 944
Partita No. 1 en si bémol majeur, BWV 825
Partita No. 3 en la mineur, BWV 827
Rafał Blechacz, piano
Un album du label Deutsche Grammophon DG 4795534
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Photo à la une : © DR