Cette phrase qui se plie sur un accent, la plénitude de ce jeu à quatre, si fraternel, si tendre, ces nuances de soufflets, de colorations, de portamentos, cette grammaire tellement mobile, je crois bien ne les avoir jamais entendues dans la première page du Quatuor en sol majeur, le bijou des opus où Mozart mire son quatuor dans ceux de Haydn. Mais j’avais pressenti cette manière libre, si expressive voici dix-sept ans. Le siècle venait de naître, et les Hagen de boucler leur cycle des Six Quatuors que Mozart dédia à Haydn.
Quel plaisir de les voir y revenir dans ce que j’espère être le premier volume d’une nouvelle intégrale. Tout y est plus assumé, y compris la position nodale de ces opus entre deux mondes : le Finale de ce Printemps (K. 387), n’est-ce pas la prémonition du geste beethovénien que les Hagen y jouent, fiévreux, pressés, intenses, sévères ? Quel art.
Qui enchante aussi un Jagdquartett solaire, vif et tendre, où se composent parfois des sonorités de musette. Quels paysages, comme le vent chante dans leurs archets ! Ah, décidément ce disque est génial, il lui faut une suite d’autant que la prise de son de l’équipe de Myrios, la belle acoustique de la Sendessaal de Brême, rendent autrement justice à la plénitude sonore des amis que ne le firent jadis les ingénieurs de Deutsche Grammophon.
D’ailleurs, puisque Myrios est aussi l’éditeur de Tabea Zimmermann, pourquoi ne pas la marier aux Hagen pour une intégrale des Quintettes à deux altos ? Des disques de cette qualité-là, on n’en a jamais assez.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor à cordes en sol majeur, K. 387
Quatuor à cordes en si bémol majeur, K. 458, « La Chasse »
Hagen Quartett
Un album du label Myrios MYR017
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Photo à la une : © Harald Hoffmann