Après Mahler

17 novembre 1978 : Gennadi Rozhdestvensky, de sa battue imperturbable, déclenche la danse de mort du deuxième mouvement de la 4e Symphonie de Boris Tichtchenko, la « Sinfonia di rabbia », foisonnement de squelettes sonores où viennent barrir des trompes de morts, où s’affrontent des régiments de caisses claires et de fouets. Quelle danse macabre, quelle folie de sons écrite quatre ans plus tôt alors que Chostakovitch, son mentor, vivait encore.

Tichtchenko avait été un auditeur assidu des concerts Mahler qu’avait imposés Kirill Kondrachine à Moscou, ironie du sort, Kondrachine venait de demander l’asile politique en Hollande lorsque l’Orchestre Philharmonique de Leningrad donnait ce soir-là son immense Quatrième Symphonie, œuvre complexe, que le compositeur avouait avoir composée sur le plan de la messe, mais alors d’une messe barbare où le sang se boit à grands traits.

Quelle œuvre fulgurante, qui donne la main aux audaces de Schnittke et de Silvestrov, ouvre un immense laboratoire sonore, fait entrer la musique soviétique dans le concert moderne initié par Sofia Goubaïdoulina, son professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, univers sonore dont le propos, l’ampleur, les audaces n’auraient pas été possibles sans l’exemple tutélaire de la 9e Symphonie de Gustav Mahler.

Partition radicale, qui pourtant constitue une porte d’entrée pertinente dans l’univers de ce génie de la musique russe que l’on commence enfin à découvrir. Discophilia vous en recausera.

LE DISQUE DU JOUR

Tishchenko Symph 4 Rozhdestvensky NFPMA99117-8-coverBoris Tichtchenko (1939-2010)
Symphonie No. 4, Op. 61

Orchestre Philharmonique de Leningrad
Gennadi Rojdestvensky, direction

Un album de 2 CD du label Northern Flowers NF/PMA999117/118
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Photo à la une : © DR