Qui fait danser la belle andalouse en la fouettant ainsi d’un archet aussi somptueux ? Tobias Feldmann, vingt-deux ans alors, qui enregistre son premier disque tout juste lauréat du Deutscher Musikwettbewerb. Depuis, un magique second album est paru dont je vous ai dit le plus grand bien. Mais le voilà plus gamin encore et déjà si maître de son art !
Je suis allé tout de suite à la Fantaisie-Carmen que Franz Waxman écrivit pour Jascha Heifetz. Tobias Feldmann se garde bien de la jouer comme une simple pièce de charme, il l’anime de récits, de contre-chants, de phrasés insensés d’invention qui montrent sa stupéfiante maîtrise de l’instrument et dévoilent un artiste considérable.
Ce que tout le disque confirme, Sonate de Bartók lyrique et sombre à souhait où son violon prend une dimension harmonique stupéfiante, 7e Sonate de Beethoven finement lue, œuvre d’abord d’un duo qui se répond à la perfection – les deux amis continuent ensemble leur chemin et Boris Kusnezow est décidément un sacré pianiste – et en ouverture cette impossible Troisième Sonate d’Ysaÿe que Feldmann transforme en poème.
Le nouveau petit génie du violon dans son premier opus, simplement magique.
LE DISQUE DU JOUR
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Sonate pour violon seul No. 3 en ré mineur, Op. 27
« Ballade »
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano et violon No. 7 en ut mineur,
Op. 30 No. 2
Béla Bartók (1881-1945)
Sonate pour violon seul, Sz. 117, BB 124
Franz Waxman (1906-1967)
Carmen-Fantasy (version pour violon et piano)
Tobias Feldmann, violon
Boris Kusnezow, piano
Un album du label Genuin GEN14316
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Photo à la une : © DR