Voici, je crois bien, la première incursion au disque de Yannick Nézet-Séguin chez Dvořák. L’écho de ces deux concerts, distants de huit ans – la Septième Symphonie fut captée le 20 mai 2009, Othello et la Sixième l’an passé – montre un sens évident de la grammaire Dvořák. Cela chante éperdument, les rythmes fulgurent, l’harmonie se diapre, composant des paysages sonores enivrants qui dans cette Septième se gardent bien de noircir trop le tableau ou de tendre uniment au drame comme le faisait avec une pointe de génie Carlo Maria Giulini avec le même orchestre dans ce qui demeure l’un de ses plus beaux disques : Yannick Nézet-Séguin préfère une touche plus diverse, des accents plus nostalgiques. Son Poco Adagio très mesuré est subtilement distancié, on le suit pas à pas dans sa promenade bucolique où tout l’art de l’orchestre de Dvořák irradie.
Le concert du 3 février 2016 s’ouvre par une des partitions les plus suggestives et pourtant les moins courues du compositeur tchèque, Othello, ouverture pour le drame de Shakespeare, d’une suggestion psychologique inouïe dont le chef canadien saisit toute la puissance de caractérisation. La Sixième Symphonie peut paraître, sombre, emportée, épique, vraie narration musicale dont Yannick Nézet-Séguin attise les passions : écoutez seulement comment il fouette le Furiant du Scherzo. Il lui faut faire une suite à cet album, Dvořák n’avait plus croisé un interprète aussi naturellement versé dans sa musique depuis quelques lustres.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1756-1791)
Othello, Op. 93, B. 174
Symphonie No. 6 en ré majeur, Op. 60, B. 112
Symphonie No. 7 en ré mineur, Op. 70, B. 141
London Philharmonic
Orchestra
Yannick Nézet-Séguin,
direction
Un album de 2 CD du label LPO 0095
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Photo à la une : © Marco Borggreve